Retour à Carnac

11 Juillet 2021 Nous nous séparons. Jippy part à Brienne où il suivra l'animation de Martial et moi, je rentre à la maison sur mon vélo ....

VOYAGES VÉLO-BIVOUAC2021

12/3/2025

Je roule avec facilité jusqu'à Tours. J'ai quelques souvenirs d'ailleurs de ce petit vagabondage dans la belle campagne de Touraine. Je suis sur le Véloroute 6. A Tours, surprise. Mon Gps semble avoir une idée particulière de ma route. Il me fait passer au Nord de la Loire;il manifeste sa passion pour des sentiers quasi impraticables. Je me révolte et je suis une route pour Saumur, bordée par une piste cyclable. Mais au bout de 4 ou 5 kms, je craque et, fataliste,me fie de nouveau à la machine qui a peut-être ses raisons. Et tout en doutant (pourquoi ce cap trop au Nord, loin de la Loire) je stoppe dans un magnifique village. J'aurais dû noter, j'ai déjà oublié. Vraisemblablement, c'est Luynes. Aujourd'hui, je fais le serment de noter les villages par où je passe surtout si je prends une photo. Mais c'est pénible de toujours s'arrêter. La France en général est pleine de merveilles et que dire de la Touraine, puis de l'Anjou.

Je l'ai trouvé bien joli cet endroit pour faire une halte et regardez bien sur la photo de la halle, il y a une pompe à eau à disposition. Par contre, il n'y a pas un chat. Les habitants doivent être à Carnac. Je plaisante mais dès qu'on quitte le bord de la mer les ravissants villages français ont l'air d'être abandonnés. Le temps est plutôt beau et dans la soirée il sera franchement ensoleillé. Je pense à Jippy qui s'attend à profiter d'une belle météo pour faire de beaux sauts avec son fils. Pour l'instant, il ne doute de rien. Pour lui aussi la route est belle.

Mon GPS était d'humeur bucolique et il a eu raison. Il me fait voyager dans une contrée ravissante et bien roulante. Il faudra que j'y retourne. Hélas, c'est ce que je dis et je ne le ferai jamais. D'ailleurs il n'est pas sûr que je retrouverais la douceur de la température, de la lumière,e la douce végétation. Mais finissons- en, je veux arriver à Carnac au moins en même temps que mes hommes. Du coup, traversant un village très fier de son clocher tors, je passe la tête haute. Je me pose un peu plus loin et il est difficile de trouver mieux. Mais où suis-je donc ? Je renonce à le découvrir.

Mon petit palais est parfaitement élégant et tranquille. Et en plus, je campe aux portes d'un cimetière donc j'ai de l'eau autant que j'en veux pour faire mon thé et me débarbouiller. Et moi qui aime les belles églises, je suis gâtée.

Je ne le sais pas encore mais mes hommes pendant ce temps vivent une galère. Ils ne feront pas un seul saut. La consolation de Jippy, c'est que lui aussi s'est installé dans le confort. Ci-dessous, c'est la description des sauts prévus.

Ci-dessus, c'est l'installation royale de Jippy. Quand je reprends la route, il fait encore honorablement beau et je prends la peine de photographier un des clochers tors qui se présente à moi. Se sont-ils tordus tout seuls ces clochers ou ont-ils été prévus ainsi ? C'est curieux.

Mais où était-ce mon Dieu ! Juste une de ces merveilles qui se révélent sous mes roues au cours d'une belle matinée sur telle ou telle départementale. Mais les merveilles suivantes, je ne les photographie pas et pour cause, la pluie se met à tomber et les champs de blé, rouges à cause des coquelicots, il faut que je les mette uniquement dans ma mémoire.

N'en doutez pas je suis sous les murs du château d'Angers. Ce n'a pas été sans mal. J'ai pénétré dans la ville par une piste cyclable alors que le ciel déversait des cataractes. Comme toujours en ville, le GPS est devenu fou mais je me suis retrouvée à l'improviste sur la grande place du centre ville éblouissante soudain de lumière. Et puis le château m'a servi d'amer.

Je ne me rappelle pas où j'ai campé. Etait-ce déjà à Chalonnes ou était-ce le jour suivant ?

Chalonnes, quel bon souvenir. A peine étais-je entrée dans l'île, bien fatiguée que j'aperçois un carré d'herbe au bord du fleuve mais abrité du vent, une herbe d'un vert, d'un velouté, un véritable velours. C'était bien sûr une propriété privée. Chance, les propriétaires arrivaient juste alors et j'ai pu leur demander la permission de m'installer, ce qu'elles ne m'ont pas refusé. Excellente nuit sur une herbe aussi douillette avec la Loire qui ronronnait. Le matin, j'étais déjà prête quand la propriétaire m'invita à prendre le café. Et c'est ainsi que j'ai su que vivre en bonne entente avec la Loire, c'est un destin. Il y faut absolument une barque pour sortir de chez soi lors des crues. La jeune fille était institutrice en région parisienne mais toujours elle revenait dans la maison de sa grand-mère au bord du fleuve magique. Je n'ai pas tout vu de la suite de la route tant j'avais de pluie dans les yeux. Mais les paysages changeants du terrible fleuve étaient une présence.

A Ancenis, après avoir salué mon ami Du Bellay et mangé au kebab le mieux noté dans le palmares des kebabs, j'ai quitté le bord de Loire, tracé dans une campagne assez quelconque, mais bien roulante. Puis j'ai dormi dans un champ sans poésie particulière sauf qu'au milieu de la nuit j'ai vu dans un ciel scintillant un astre différent car il bougeait. Je crois que c'était la navette spatiale.

Au matin, d'assez mauvaise humeur car je pensais que ma route me faisait passer par Redon et je n'aimais pas cette idée, après avoir roulé suffisamment, j'ai eu l'idée de passer plutôt par la Roche- Bernard. Bonjour, la Vilaine., ses roseaux, ses champs humides et plats et brutalement des raidillons assassins. J'avais le temps, je me suis amusée à les monter en force. Et j'ai vu Marie-Céline, une chance inouïe car son terrible emploi du temps lui permettait une entorse à ses projets. Petit resto,limite limite car tout était bondé. Et le lendemain, je m'attendais à une étape assez courte jusqu'au terrain où je retrouverais mes hommes. Mais au bout de quelques heures d'une route fraîche ensoleillée et pittoresque je fis une pause et découvris que j'avais un jour d'avance. Donc, pourquoi pas Carnac. Je sentais l'écurie, j'eus des ailes. Enfin ma fatalité me lâchait, j'ai fait les 100kms qui sont le signe d'un regain de santé.Une dame m'a dit il y a de nombreuses années : « Les premiers 100kms sont durs à faire. Ensuite, tout va très bien madame la marquise. Il n'y a qu'à se laisser glisser. »

Mes hommes arrivèrent à Carnac après une semaine à zéro saut. Martial commença son service à Vannes et il souffrit cruellement de la canicule.